Science et cinéma (2) : Contact

“Sommes-nous seuls dans l’univers ?” Cette question est peut-être l’une des plus récurrentes dans la vie d’un être humain. C’est la question qu’on se pose lorsque le générique de fin passe sur l’écran quand on a terminé de regarder Contact, un film de science-fiction inspiré du roman éponyme de l’astronome Carl Sagan. 

Le film suit l’histoire d’une astronome, Eleanore Arroway (rôle partagé entre Jena Malone et Jodi Foster), la première humaine à contacter des êtres extraterrestres. Scientifique très talentueuse, Ellie conduit des recherches à l’observatoire d’Arecibo, un radiotélescope démoli en 2020 au début du film. Notre protagoniste est à la recherche d’une forme de vie intelligente dans l’espace, comme le sont toujours les astronomes de l’institut SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence). Arroway perd rapidement son financement et trouve un autre investisseur pour poursuivre ses recherches au VLA (Very Large Array). Un jour, elle aperçoit un signal venant de l’étoile Vega à 26 années lumière de la Terre. C’est un signal périodique, particulier : elle appelle son équipe pour vérifier s’il s’agit bien d’un message des extraterrestres. Suite à une scène remplie de jargon scientifique incompréhensible, l’équipe affirme enfin avec certitude que le signal est bien un message d’une forme de vie extraterrestre intelligente. 

L’affaire devient publique, la recherche est suivie de près par le gouvernement américain et une équipe de linguistes est formée pour décrypter le message. Pendant ce temps, Ellie, la chercheuse en chef de ce projet, se trouve exclue de ses progrès, sa recherche et son succès étant accaparés par l’un de ses supérieurs qui avait coupé son financement au début du film. Ensuite, le code est déchiffré, il s’avère que les extraterrestres ont envoyé des plans à une machine de transport, qui permettrait aux deux civilisations d’établir un premier contact. Tout au long du film, certains fanatiques religieux menacent les chercheurs. Avec le projet d’établir un premier contact, la situation dégénère. Ellie postule pour monter à bord de cet engin de transport mais son supérieur est choisi pour cette tâche par un comité spécialisé. Le jour du lancement, le chef des fanatiques religieux attaque l’équipage, il fait exploser la machine avec des bombes. Ellie, tourmentée par cet échec collectif en tant qu’espèce, apprend que son investisseur avait construit une deuxième machine au Japon. Elle est élue pilote et voyage à travers des “trous de vers” ou des “ponts Einstein-Rosen” pour se rendre au système de Vega. Alloway remarque une structure qui ressemble à un réseau radio (comme le VLA) sur Vega, signe d’une civilisation avancée. Elle se retrouve ensuite sur une plage de Floride, qui ressemble à un dessin qu’elle avait fait quand elle était jeune. Elle se rapproche de l’extraterrestre qui avait pris la forme de son père décédé et le bombarde de questions. L’extraterrestre affirme que ce paysage et l’image de son père avaient été scannés de son cerveau puis utilisés pour faciliter son premier contact. Il dit enfin que ce voyage n’était que le premier pas de l’humanité vers l’adhésion à d’autres espèces voyageant dans l’espace. 

En y retournant, Ellie perd conscience et se réveille à l’hôpital. Elle apprend que de l’extérieur de la machine, il semble qu’Ellie n’était pas partie. Son équipement d’enregistrement ne montre que de l’électricité statique. Un comité parlementaire a été formé pour déterminer si Ellie avait réellement vécu ce contact. Dans une conversation privée en ligne des membres de la Maison Blanche ont rappelé que les équipements d’Ellie avaient enregistré 18 heures d’informations, ce qui prouverait la véracité de son expérience. Ellie sort du Congrès, avec Palmer, un ancien prêtre, de ses côtés qui affirme qu’il croit Ellie. Même si les deux ont des visions drastiquement différentes, l’une athéiste et sceptique, l’autre ayant la foi, il affirme que les deux ont le même objectif, la recherche de la vérité. Le couple (symbole de la fin du conflit entre la science et la religion) retourne au Mexique, Arroway recevant un soutien financier continu pour ses recherches au VLA.

Exactitude scientifique

Ce qui est intéressant dans ce film est le fait que c’est une histoire écrite par un couple, un astronome et Ann Druyan, réalisatrice spécialisée dans la communication scientifique qui est son épouse. Carl Sagan était un grand communicateur scientifique également, son objectif principal était de rendre la science accessible à tous. Après avoir publié son livre, Sagan a grandement contribué à la production de Contact avec l’aide de Gerald D. Griffin, un des consultants scientifiques du film. Ces deux scientifiques ont rendu l’exactitude scientifique de ce film remarquable. Sagan a organisé une conférence académique où il a expliqué l’histoire détaillée de l’astronomie pour les acteurs et les principaux membres de l’équipage. Cette dynamique dans l’équipage a fait ressortir un film accessible pour un grand public tout en gardant son exactitude scientifique.

Le fait qu’Ellie voyage à travers des trous de vers et que les aliens communiquent avec les mathématiques, le langage universel, n’est pas inconnu des astronomes. Il est fort probable que les extraterrestres, s’ils existent, communiquent à travers ce langage. De plus, les trous de vers sont mathématiquement possibles, même s’il n’est probablement pas possible d’utiliser ces astres comme raccourcis. Ce qui m’a surprise est que dans certaines scènes, certains faits qui marquent les spectateurs, peuvent apparaître naturels pour un scientifique mais sont incompréhensibles pour le public. Néanmoins, nous pouvons toujours comprendre l’histoire, même si le jargon scientifique nous échappe par moments. Dans la scène où Ellie reçoit le signal, elle affirme sa source en disant “Hydrogène fois Pi”. Cette expression est utilisée par les scientifiques pour affirmer que le signal ne peut pas provenir d’une source naturelle; elle est donc artificielle. Si vous vous intéressez à la manière dont les astronomes interprètent cette affirmation, en voici l’explication. Dans la scène suivante, que je trouve assez amusante, l’équipe découvre une vidéo cachée dans le signal. Il s’agit du discours d’ouverture d’Adolf Hitler aux Jeux olympiques d’été de 1936 à Berlin. Arroway et son équipe spéculent que cela aurait été le premier signal suffisamment fort pour quitter la Terre, atteindre Vega et être retransmis. En effet, ce fait correspond à la réalité. 

Malgré tout, nous pouvons remarquer quelques incohérences dans le film. Ceux-ci sont intentionnels, ils servent en effet à faciliter la compréhension de l’histoire par le grand public. La scène d’ouverture est une séquence CGI de trois minutes, commençant par une vue de la Terre. Le spectateur entend parallèlement de nombreuses émissions de radio émises depuis la planète, ces émissions sont d’abord des années 1990. La caméra commence à zoomer vers l’arrière, en passant par la Lune, Mars et d’autres astres du système solaire, puis vers le nuage d’Oort, l’espace interstellaire, la Voie lactée, d’autres galaxies du groupe local et finalement dans l’espace lointain. Lorsque cela se produit, les signaux radio commencent à devenir plus faibles et à refléter des audios de médias plus anciens, représentant la distance que ces signaux auraient parcourue à la vitesse de la lumière, devenant finalement silencieux à mesure que la distance devient beaucoup plus grande. La scène d’ouverture est une de mes préférées.

Malheureusement, elle ne reflète pas la réalité. Il est vrai que si nous mettons un miroir à 10 années lumière de la Terre, ce ne serait pas notre époque qui serait reflétée mais le passé. Cependant, puisque nous voyageons en arrière, nous n’entendrions pas ces émissions comme dans la scène. C’est bien sûr une licence artistique qui est utilisée ici pour renforcer le message du film. Une autre incohérence est le fait qu’Ellie écoute les ondes radios qu’elle reçoit.  Les ondes radios sont des électromagnétiques et non des ondes sonores. Normalement, les ordinateurs scannent chaque signal et alertent les scientifiques s’il y en a un qui est intéressant. 

Analyse

Contact est un des films de science-fiction les plus proches de la réalité, malgré quelques incohérences et le fait que des aliens contactent les humains. La scène du premier contact correspond à un huitième du film. Il faut donc noter que ce n’est pas seulement un film de science-fiction. Ce film est avant tout une représentation des difficultés que les scientifiques subissent pour financer leur recherche d’une part  puis de présenter au monde, qui peut ne pas les apprécier, certaines découvertes cruciales d’autre part. Carl Sagan a appris de ses collègues leurs problèmes, et a intégré, avec les siens, la face cachée de la communauté scientifique dans cette histoire, ce qui la rend d’autant plus intéressante.

Contact. Illustration de Noa Bensusan. DR.

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Illustration de couverture par Noa Bensusan
Article mis en page par Batur Hamzaogullari

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