Le projet de la Grande Muraille Verte en Afrique, un nouvel espoir ?

Depuis plusieurs décennies, les États africains sont à la recherche de solutions pour lutter contre la déforestation. Actuellement, plus des 2/3 de la superficie du continent africain sont des zones désertiques ou du moins fortement dégradées. 

L’être humain s’est développé au cours des milliards d’années et ses besoins se sont également multipliés. La majorité du temps égoïste, l’être humain a une tendance à ne penser qu’à court terme. Cependant, la surpopulation, la construction excessive des habitations, le besoin de vastes hectares pour l’agriculture et l’élevage ont eu un impact sur le long terme sur notre écosystème et l’environnement : la déforestation, fléau qui  a majoritairement touché le continent africain. D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, les forêts d’Afrique sont dépouillées de plus de quatre millions d’hectares par an.

Une muraille, « barrière contre la déforestation » ?

Récemment, face à cette situation récurrente de défis environnementaux multiples et à l’état de forte dégradation des écosystèmes en raison des changements climatiques et à la désertification, les Etats Africains proposent en 2005 comme réponse la mise en œuvre d’une nouvelle approche dénommée « La Grande Muraille Verte » (abrégée en GMV). 

Le tracé de la Grande Muraille Verte est large de 15 km et va de Dakar à Djibouti; dont les pays traversés sont le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, la Burkina Faso, le Niger, la Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Ethiopie, l’Erythrée et le Djibouti s’étirant ainsi sur environ 7 000 km. 

© Louise Allain / Reporterre

Quels avantages ?

Il est évident que l’un des paramètres écologiques déterminants pour la végétation est la pluviométrie. Ainsi, les zones ciblées sont confinées dans les domaines à moyennes annuelles pluviométriques <à 400 mm. C’est pourquoi la Grande Muraille devra nécessairement être localisée à des latitudes à moyennes annuelles pluviométriques comprises entre 400 et 100 mm. 

La GMV apparaîtrait alors comme une bande de végétation multi-espèces plus ou moins linéaire mais continue autant que possible, incluant divers systèmes d’occupation des sols et traversant à la fois des zones habitées (villages) et des zones non habitées (forêts classées, parcs nationaux, réserves botaniques etc.). 

Quels objectifs ?

L’objectif global de la Grande Muraille Verte (rapport de la FAO) est la contribution à la lutte contre l’avancée du désert et à la mise en valeur des zones saharo-sahéliennes pour une gestion durable des ressources naturelles et contribuer à la lutte contre la pauvreté. 

En effet, l’importante production de biomasse attendue sur une superficie envisagée de 10.500.000 ha dans la bande sahélienne au sud du Sahara fait de la GMV un patrimoine pour l’humanité et un puits de carbone. Elle mettra ainsi à la disposition de la Communauté internationale un nombre considérable d’Unités de réduction certifiée des émissions et contribuera au respect des engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Des critères de choix 

Le choix et l’intérêt des espèces végétales adaptées à la sécheresse apparaissent comme des critères stratégiques pour une meilleure réussite des opérations de plantation dans le tracé de la Grande Muraille Verte. Il est donc important d’étudier, d’amender et de compléter la liste indicative des espèces végétales les plus appropriées aux aires écologiques du tracé au niveau de leurs pays ; d’identifier les espèces les plus adaptées aux zones arides et semi-arides ainsi que les conditions de réussite de production et de repiquage des plants dans les zones éco-géographiques du tracé ; de promouvoir l’agroforesterie comme une technique alternative viable de reboisement et enfin, de tenir compte des besoins des populations dans le choix des espèces. 

Quelle est la situation aujourd’hui ?

L’objectif affiché est de remettre en état 100 millions d’hectares de terre à l’horizon 2030. Dans un rapport publié en septembre 2020, la Convention de l’ONU contre la désertification estimait que seulement 4% de cette surface avait été effectivement restaurée sur la période 2011-2017, dont la moitié sur le territoire de l’Ethiopie. Environ un milliard de dollars ont été mobilisés, alors que les besoins de financement sont estimés à 43 milliards d’ici à 2030. 

Or certains critiques pensent que ce projet n’est véritablement pas une solution efficace. De prime abord, la réalisation de ce projet obligera les populations africaines à quitter leur habitation à cause de la construction de cette muraille verte. La question demeure épineuse. 

En effet, comme dans son rapport spécial sur les terres émergées publié en 2020, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat note que “Malgré les premières actions concrètes sur le terrain, la réussite des objectifs est incertaine et sera difficile sans financement supplémentaire significatif”. Certes le projet a de bons objectifs et l’idée qui le sous-tend pourrait constituer un début de réponse à notre urgence climatique mais sa réalisation reste, pour l’instant, problématique.

Mise en page par Selim Günes

Carte de l’Afrique. NASA. Domaine public.

Deniz Çaştaban
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Ancienne élève de notre lycée, Deniz continue sa scolarité à Dubai. Elle est notre reporter à l'étranger.