Yi, connue pour la façon dont elle fusionne l’imagination artistique et la recherche scientifique, peuple le Turbine Hall de la Tate Modern Art de Londres de machines flottantes, créant son œuvre la plus grande et la plus ambitieuse à ce jour…
Anicka Yi est une artiste coréenne, née à Séoul, dont le travail se situe à l’intersection du parfum, de la cuisine et de la science. Elle est connue pour ses installations qui sollicitent les sens, en particulier l’odorat, et pour ses collaborations avec des biologistes et des chimistes.
Faisant à l’origine partie de la centrale électrique de Bankside, le hall de la Tate Modern Art, musée d’art contemporain britannique, a été construit pour abriter des machines de production d’électricité. L’installation de Yi remplit à nouveau l’espace de machines. Flottant dans les airs, ses machines –appelées aérobies– sont basées sur des formes de vie océaniques et des champignons. Ils réinventent l’intelligence artificielle et nous encouragent à réfléchir à de nouvelles façons dont les machines pourraient habiter le monde. Yi a également créé des parfums uniques qui changent chaque semaine, avec des odeurs liées à un moment précis de l’histoire de Bankside.
Quelle est la visée de l’œuvre d’Anicka Yi ?
Yi est connue pour son travail expérimental qui explore la fusion de la technologie et de la biologie. En brisant les distinctions entre plantes, animaux, micro-organismes et machines, elle nous invite à réfléchir à une meilleure compréhension de nous-mêmes en tant qu’humains et des écosystèmes dans lesquels nous vivons. À travers cette œuvre, elle demande aux spectateurs de réfléchir à la manière dont la suppression de ces distinctions affecte notre compréhension de nous-mêmes en tant qu’humains et des écosystèmes dans lesquels nous vivons.
« La sixième Commission Hyundai avec Anicka Yi nous offre un moment unique pour réfléchir à notre compréhension d’un avenir interconnecté », a déclaré Thomas Schemera, directeur mondial du marketing et chef de la division Expérience client de Hyundai Motor Company. Il a ajouté qu’ils continueront à s’appuyer sur notre vision commune pour élargir les expériences qui nous encouragent tous à explorer des questions opportunes et à découvrir de nouvelles perspectives.
Comment fonctionnent ces turbines ?
Deux espèces d’aérobies explorent le Turbine Hall, présentant des comportements individuels et de groupe en réponse à différents éléments de leur environnement. Les « Xenojellies » ont des corps semi-transparents, chacun avec un sommet de couleur différente et des tentacules à motifs, tandis que les « planules » sont bulbeuses et couvertes de courts poils jaunes. Les deux espèces sont remplies d’hélium, propulsées par des rotors et alimentées par une petite batterie. Leurs formes biomorphiques font référence à la fois aux formes de vie océaniques et aux champignons, reflétant les différents rôles et niveaux de complexité parmi les organismes d’un écosystème. Ces aérobies permettent à Yi d’imaginer de nouvelles possibilités pour l’intelligence artificielle, inspirées par les diverses façons dont les organismes apprennent à travers leur corps et leurs sens.
Le parfum et l’air font partie intégrante de la commission de Yi ainsi que de sa pratique plus large. Elle s’intéresse à la politique de l’air et à la manière dont celle-ci est affectée par l’évolution des attitudes, les inégalités et la conscience écologique. Elle aborde le parfum comme un médium pour subtilement déplacer les perceptions et donner de la présence à l’air que nous partageons tous et dont nous dépendons. Pour la Tate Modern, l’artiste a créé des paysages olfactifs uniques qui passent d’une semaine à l’autre, évoquant des odeurs liées à un moment précis de l’histoire de Bankside. Ces paysages olfactifs créent un environnement qui relie les aérobies à l’histoire du site et à tous les autres organismes qui partagent leur habitat. Au fur et à mesure que les odeurs changent entre chaque paysage olfactif unique, le comportement et les interactions des aérobies se développeront en réponse.
Quelle est la raison de l’investissement de Hyundai dans ce projet ?
L’engagement de Hyundai Motor Company à soutenir l’art et ses communautés mondiales a conduit à des partenariats à long terme avec des musées et des organisations du monde entier. L’objectif est d’encourager de nouvelles façons de penser l’art et les valeurs, et les liens qu’il peut créer en soutenant des initiatives où artistes, communautés et institutions se réunissent pour offrir des expériences transformatrices. Depuis 2013, Hyundai Motor Company soutient des initiatives artistiques motivées par des partenariats à long terme avec des musées mondiaux -Tate, le Musée national d’art moderne et contemporain de Corée (MMCA) et le Musée d’art du comté de Los Angeles (LACMA). Par le biais de Commission Hyundai et son partenariat avec Tate, Hyundai Motor Company soutient le Hyundai Tate Research Center Transnational. Ce dernier, lancé en janvier 2019, continue d’aider à remettre en question et à réviser les histoires de l’art dominant et à mettre en évidence les échanges mondiaux d’artistes et d’idées.
Où peut nous amener la combinaison de l’art avec les intelligences artificielles ?
De nos jours, presque toute activité autour de nous commence à prendre de nouvelles dimensions dans notre vie quotidienne. Nous avons vu que l’éducation peut être assurée à distance, que les achats peuvent se faire sur notre portable, que nous pouvons voir la personne au bout du monde grâce à des applications qui assurent des visioconférences…
L’art, quant à lui, évolue aussi à une vitesse non négligeable et est en train de se métamorphoser en un concept allant au-delà des simples pots de peinture. En créant ces machines, Anicka Yi fait appel à l’imagination des humains : à première vue, nous sommes tous nombreux à penser que ces machines sont des représentations d’êtres vivants maritimes, notamment des méduses ! Ces machines ne nous dérangent pas particulièrement puisque leur représentation fait appel à des objets que notre cerveau connait déjà. Admettons cependant que vous voyez un robot avec deux jambes, deux bras et une tête, qu’il ait son corps fabriqué de métal et ait une voix inhumaine… cela vous terrifierait n’est-ce pas ? Effectivement, Anicka Yi, dans son œuvre, a souhaité que notre cerveau le reconnaisse et ne nous fasse pas nous sentir très à l’aise face à cette idée.
Et alors, qu’est-ce qui pousse ceux qui ne reconnaissent pas l’œuvre de Yi en tant qu’art à déterminer une vision spécifique de l’art alors qu’il est question de l’expression de la liberté et de l’imagination ?
Commission Hyundai : Anicka Yi. In Love With The World. Ouvert du 12 octobre 2021 au 16 janvier 2022 au Turbine Hall de la Tate Modern Art, Londres.

Deniz Çaştaban
Ancienne élève de notre lycée, Deniz continue sa scolarité à Dubai. Elle est notre reporter à l'étranger.