NDLR : Article d'archive remis en ligne (cf. Crescendo no. 5, novembre 2021 "20 ans, rien comme avant")
La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 a donné le coup d’envoi à la libre circulation des hommes et inauguré une nouvelle ère d’échanges. A cette époque, on voyait ces murs comme des vestiges d’un temps révolu et on imaginait qu’ils avaient vocation à tomber. Mais après l’attentat du 11 septembre 2001, la construction de murs dans le monde a doublé. Le nombre de murs ne fait qu’augmenter.

Des préoccupations électorales
D’après une étude sur les murs et les clôtures par l’Université d’État de New York, les murs sont inutiles : ils sont seulement mis en place afin d’influencer les électeurs. En pratique, ces barrières sont très coûteuses pour l’État et leur efficacité est très faible. Des murs censés prévenir le terrorisme et l’immigration ont en fait des buts plutôt électoraux et politiques. En effet, les représentants des pays qui construisent ces murs avancent bien souvent des idées basées sur des informations partielles et choisies, informations qui sont ensuite utilisées afin de convaincre la majorité de la population d’adhérer à leur point de vue.
Un obstacle qui s’avère dangereux
Actuellement les murs sont de plus en plus difficiles à franchir. Ils sont plus hauts que jamais et mieux sécurisés, avec des drones, des caméras infrarouge, des soldats, des chiens etc. Loin de dissuader les migrants, cela les pousse à emprunter des routes de plus en plus dangereuses et à prendre des risques démesurés. Bien souvent, les Etats n’hésitent pas à employer des moyens contestables pour faire barrage aux flux migratoires, sans souci du respect des droits de l’Homme.
Séparer les riches des pauvres
Les murs aujourd’hui sont souvent construits dans le but d’empêcher les trafics et l’immigration. Même si ces questions sont d’actualité et doivent être traitées, les murs ne sont pas la solution à ces problèmes. Ce sont plutôt des réponses en réaction aux problèmes que des solutions. Dans les faits, ces murs séparent surtout les riches des pauvres. Les pays développés cherchent ainsi à se prémunir contre les flux migratoires venant de pays en voie de développement.
Un lieu de passage vers une vie meilleure
Les migrants ou les réfugiés franchissent la frontière simplement pour essayer d’échapper à une vie misérable. Ils cherchent à accéder à un meilleur mode de vie. Mais cela leur est refusé par les pays développés qui construisent des barrages au niveau des frontières.
Aux Etats-Unis, des latino-americains franchissent la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis afin de vivre le rêve américain. Et ce ne sont pas les murs qui les arrêtent. Même s’ils sont conscients des risques et dangers encourus, ils ne renoncent pas à ce projet car la misère qu’ils fuient est plus repoussante que le danger.
Une efficacité limitée
Les murs n’arrêtent pas l’immigration ni les trafics. Ils limitent seulement un peu ces activités. On estime ainsi que les murs empêchent seulement 32 % des flux migratoires et 16 % des trafics aux frontières (d’après le Transnational Institute, TNI). Ces taux sont beaucoup trop bas pour des murs censés être la solution aux problèmes. Cela nous montre surtout que les murs ne sont pas vraiment efficaces pour traiter les problèmes pour lesquels ils ont été construits.
Une autre raison souvent avancée par le gouvernement est la lutte contre le terrorisme rendue nécessaire à cause du fort risque d’attaques terroristes. On construit donc de nouveaux murs afin de conforter des murs idéologiques déjà bien ancrés dans la tête des gens. Les gens ressentent le besoin de séparer le dedans et le dehors, les « autres » et « nous ». Et les murs répondent à leur sentiment d’insécurité. Mais ces arguments ne sont plus valables. Les actes terroristes sont souvent dus à des personnes se trouvant déjà dans le pays ciblé. De plus, il y a de nombreux moyens de passer les murs. La pratique le montre.
Une surenchère de murs
Nous constatons que les murs de séparation entre les pays, la plupart du temps construits pour prévenir les flux migratoires des réfugiés, sont vraiment beaucoup plus répandus que ce que l’on pense.
Ce qui est très surprenant c’est que ces murs migratoires prolifèrent aussi dans l’espace Schengen de l’Europe. Même en France, un « mur de protection anti-migrants » a été construit à Calais, entièrement financé par le Royaume-Uni. Face à cette prolifération, beaucoup se sont érigés contre ce qu’ils ont vu comme une violation de l’espace Schengen.
Comment vivre paisiblement pendant que d’autres risquent leur vie pour échapper à la misère ? Chaque État a le devoir de prendre sa part d’immigrés, les éduquer et les insérer dans la société. Mais il faudra aussi éduquer les populations des pays d’accueil afin d’accepter ces migrants qui pourront ainsi contribuer au développement du pays. Ce ne sont pas les murs qui régleront les problèmes sociaux. Il nous faut lutter contre cette prolifération de murs et barrières inefficaces, coûteuses et injustes.