Neom, ville du futur

La ville futuriste de NEOM, un projet impressionnant et controversé

Neom est un projet de ville futuriste situé dans la province de Tabuk, au  nord-ouest de l’Arabie Saoudite. Il fait partie du plan saoudien Vision 2030, révélé en 2016. La ville serait une mégapole aux allures futuristes (des valets robotisés, des taxis volants, une lune artificielle, des plages phosphorescentes…). Elle a comme objectif de rendre l’économie de ce royaume moins dépendante des hydrocarbures en diversifiant ses activités et en les orientant vers le tourisme, l’immobilier, le développement technologique et la finance. 

La ville futuriste sera composée de trois grandes zones : 

  • Premièrement, The Line : une ville futuriste intelligente’ et écologique, qui s’étendrait sur 170 km de longueur avec une surface de 26 500 km 2, avec l’ambition d’arriver à zéro émission de carbone.
  • Deuxièmement, Oxagon : un lieu où les approches avant-gardistes de l’Industrie 4.0 et de l’économie circulaire se rejoignent pour créer l’usine du futur pour les produits du futur. Dans cette ville, les innovateurs et les entrepreneurs pourraient faire évoluer leurs idées du laboratoire au marché plus rapidement, et les gens s’y rassembleraient pour vivre, travailler et se divertir dans des communautés prospères. 
  • Et finalement, Trojena : une destination mondiale regroupant des paysages naturels et futuristes. Elle offrirait des expériences merveilleuses à ses résidents et à ses visiteurs grâce aux six quartiers distincts qui privilégieraient des expériences uniques.

Un projet intéressant pour l’Arabie Saoudite

Le méga-projet du prince Mohammed ben Salmane (prince héritier de l’Arabie Saoudite depuis 2017 et premier ministre depuis 2022) offre au pays des avantages significatifs. L’avantage le plus important de ce projet est la diversification de l’économie du pays en créant de nouveaux secteurs d’innovation et de recherche. Le projet a pour ambition de devenir un hub pour l’innovation.

Le projet attirerait des investissements et des talents internationaux avec la création de 380 000 emplois. The Line, seul, pourrait recevoir environ 1 million d’habitants d’ici 2030.

Deuxièmement, le projet transformerait l’Arabie Saoudite, un pays désertique, en un pays beaucoup plus écologique avec la plantation de millions d’arbres, le traitement des eaux et une agriculture intelligente. Le site web affirme que Neom deviendra « la ville la plus autosuffisante au monde ». On y prévoit des serres révolutionnaires et une agriculture verticale. Cela permettrait de diminuer de manière significative la dépendance du Royaume des importations de produits agricoles (actuellement 80% des besoins du pays).

Troisièmement, la ville de NEOM située au bord de la mer Rouge, par laquelle transitent 13 % du commerce international, intégrerait l’Arabie Saoudite davantage dans les activités commerciales internationales. De plus, 40 % de la population mondiale se trouve à moins de six heures de vol de NEOM. 

Un projet trop ambitieux ? 

NEOM reste un projet qu’on pourrait décrire d’irréaliste. D’une part, les projets saoudiens comportent des technologies très avancées qui n’existent pas encore aujourd’hui, comme les automobiles volantes et la lune artificielle pour n’en citer que deux exemples. 

D’autre part, le projet oblige la population actuelle de la ville de Tabuk à déménager afin de pouvoir réaliser les nouvelles infrastructures et la mise en place de ce projet pose déjà des problèmes au niveau du respect des droits de l’Homme. 

Plus encore, les promesses effectuées par le gouvernement saoudien semblent parfois se contredire elles-mêmes. Dans un premier temps, on clame avoir comme but de supprimer l’émission de gaz à effet de serre et de rendre l’Arabie Saoudite plus verte en annonçant un objectif de zéro émission nette d’ici 2060. Mais, une multitude d’examens par des spécialistes du climat, ont démontré que cela ne serait pas réalisable. Ils soulignent que pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 C, la production mondiale de pétrole doit diminuer d’environ 5 % d’ici 2030. Cela est contradictoire avec les promesses de l’Arabie Saoudite d’augmenter sa production de pétrole faites juste quelques semaines après avoir fait des promesses ‘vertes’ à la conférence sur le climat COP26 au début de 2022. Le ministre de l’énergie a déclaré que le pays n’arrêtera pas de pomper son pétrole et il dit : “nous serons toujours le dernier homme debout, et chaque molécule d’hydrocarbure sortira” (source : bbc news Africa).

Le projet de Neom est très prometteur pour l’avenir de l’Arabie Saoudite s’il est réalisé de la manière proposée. Des images publiées montrent que le chantier a commencé récemment mais on est encore loin de pouvoir vérifier si l’Arabie Saoudite va pouvoir tenir ses promesses faites à la fois sur le plan écologique et industriel.
reste pour le moment un projet ambitieux et controversé qui pourrait déterminer la croissance de l’Arabie Saoudite dans les prochaines décennies.

Illustration de couverture par Yasemin Gümpert
Article mis en page par Selim Gunes

Jad Atallah
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