Annie Ernaux a récemment reçu le prix Nobel de la littérature 2022 pour “le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle”. Je vais principalement me concentrer sur ma lecture de son œuvre La Femme gelée. J’ai choisi ce roman spécifiquement car il y est question de son parcours personnel à travers sa vie de femme et plus tard de la maternité.

Brève biographie
Née le 1er septembre 1940 à Lillebonne en Normandie, Annie Thérèse Blanche Ernaux est une écrivaine française et professeure de littérature. Ses œuvres littéraires, majoritairement autobiographiques, entretiennent des liens étroits avec la sociologie et même avec la philosophie. Ernaux a été élevée à Yvetot par ses parents, Blanche (Duménil) et Alphonse Duchesne, qui tenaient un café et une épicerie dans un quartier populaire.
Elle a étudié dans les universités de Rouen puis de Bordeaux, est devenue une enseignante certifiée, et en 1971, elle a obtenu un diplôme supérieur en littérature moderne.
La Femme gelée, un roman féministe
Pendant son enfance Annie Ernaux était inconsciente du rôle des femmes dans la société, du fait qu’elles sont perçues comme inférieures aux hommes car elle a grandi avec des femmes fortes comme sa mère et ses maîtresses d’école privée. Adolescente, elle commence à questionner son corps et la façon dont les garçons la perçoivent.
A l’université, elle prend ses études de lettres beaucoup plus au sérieux que ses autres camarades dont leur principale priorité était de se marier et de fonder une famille. Même en littérature, le cours est toujours dominé par les hommes. A chaque relation qui commence, son entourage, à l’exception de ses parents, la met déjà sous pression de mariage. En revanche, elle constate que l’homme n’est jamais inquiété: son entourage à lui le rassure en lui répétant qu’il a encore le temps.

Le jour où elle accepte d’épouser un homme, elle devient très vitre stressée par le fait qu’elle ne savait pas vraiment comment être femme au foyer. Elle n’a jamais appris comment gérer ce rôle car c’était toujours son père qui s’occupait des tâches domestiques.
Après la naissance de son premier enfant, Annie se sent enfermée dans son rôle de ménagère, rôle qu’elle a refusé pendant des années. Elle essaye de terminer ses tâches rapidement pour dégager une heure pour elle. Quelques années plus tard, Ernaux devient finalement professeure et place son enfant à la crèche. Un deuxième enfant arrive, elle n’a pas vraiment hâte parce qu’elle est déjà fatiguée du processus de grossesse et sait que cette situation sera encore plus difficile que la dernière fois.
Avis personnel
J’ai bien aimé ce roman dont la lecture s’est avérée agréable. Ce qui me plait beaucoup dans l’œuvre d’Annie Ernaux, c’est qu’elles appartiennent au genre autobiographique. Elle partage donc vraiment son expérience sur la manière dont les femmes sont traitées au début du 20e siècle et sur les inégalités des genres. L’un des aspects les plus marquants pour moi est que cette œuvre me donne l’illusion de lire un journal, on passe de son enfance où elle n’était pas au courant du rôle des femmes dans la société, à l’adolescence où elle commence à découvrir son propre corps et qui elle est, à la maternité. L’un des points les plus importants est à quel point sa relation avec ses parents est bonne. Annie a grandi avec des parents qui n’étaient pas attachés aux rôles de genre, à une époque de la vie où de plus en plus de familles partageaient les rôles traditionnels masculins/féminins. La femme gelée a aussi un aspect philosophique qui rend vraiment très clair les descriptions de Beauvoir dans le 2e sexe sur l’imposition sociale du rôle de femme et du travail domestique.

Illustration de couverture de Yasemin Gümpert
Article mis en page par Erdeniz Karayalçin