La situation au Royaume-Uni depuis le Brexit

NDLR : Article d'archive remis en ligne (cf. Crescendo no.7, Mai 2022 "La France à Istanbul, une présence durable")

Il y a de cela 5 ans que les citoyens du Royaume Uni ont voté en faveur du non au référendum organisé afin de quitter l’union européenne (UE). Un référendum qui était perçu par une majorité des habitants du Royaume Uni comme un moyen de « faire taire » une minorité qui voulait quitter l’UE. Le monde a été étonné quand on a annoncé les résultats ! Et en pratique, après 3 années et demie de pourparlers avec l’UE, le Royaume Uni a finalement quitté l’union dont il était membre depuis 47 ans. 

L’un des problèmes immédiats auquel ont été confrontés les entreprises a été le fait que les Anglais ne pouvaient plus voyager librement en Europe et donc que les entreprises qui dépendaient des visites des Anglais perdaient du revenus. Ces problèmes n’ont pas été seulement causés par le Brexit mais aussi par la Covid-19 qui est arrivé rapidement après, ce qui a fait qu’il a été difficile de déterminer ce qui a été causé par le Brexit et ce qui a été causé par la Covid. 

Retourner à la période sans pandémie et à la période où le Brexit allait être voté : les gens se racontaient des utopies économiques à propos du Brexit et il y avait à propos de cela plusieurs théories qui comportaient le fait que le Royaume Uni allait devenir complétement libre jusqu’aux théories les plus folles parlants d’anarchie et de guerre. Ce qui était sûr, c’était que le plus gros impact serait un impact sur les échanges commerciaux car l’Union Européenne est d’abord une union commerciale. Les pays dans l’union européenne ne s’imposent pas de quotas dans leurs échanges commerciaux et sont dans des échanges libres. En contrepartie, l’UE impose de grandes restrictions sur les pays ne faisant pas partie de leur union pour inciter les pays dans l’Union Européenne à échanger entre eux plutôt que d’échanger avec des pays qui n’y sont pas. 

Le Royaume Uni est maintenant ce que l’on appelle un « outsider » : ils sont passés du pays qui bénéficie d’accords commerciaux au pays qui souffre de restrictions au commerce. Ceci aurait été très mauvais pour beaucoup de pays mais ça l’est surtout pour le Royaume Uni sachant que c’est un pays qui importe et qui exporte beaucoup.

Il y a pour les économistes un facteur important qui est appelé l’intensité d’échange : si nous prenons comme exemple un pays qui arrive à survivre sans importer et exporter, l’intensité d’échange de ce pays sera de 0 % ce qui veut dire que les citoyens ont plus de chances de ne pas avoir accès à des produits de luxe ou à des produits étrangers. Alors que si un autre pays importe et exporte des produits pour des milliards de dollars, l’intensité d’échange du deuxième pays sera très importante et donc ce pays sera beaucoup plus dépendant des accords d’échange. Or, le Royaume Uni a l’une des plus grandes intensités d’échanges dans le monde. Son intensité d’échange est de 63 % par rapport à 24 % pour les Etats Unis d’après les données de la Banque mondiale de 2019. Géographiquement et historiquement, ceci est logique, sachant que le Royaume-Uni est une île qui doit se procurer des ressources naturelles en dehors de son territoire et sachant que cette nation était une grande puissance maritime et coloniale, tout cela devient logique. Par ailleurs, le plus gros problème pour une entreprise anglaise en Europe est le fait qu’elle ne soit plus compétitive en Europe sachant qu’elle doit désormais payer des taxes pour faire des échanges commerciaux en Europe. 

Donc maintenant que le Brexit est arrivé depuis un moment, nous pouvons faire une comparaison sur l’avant et l’après. Le commerce a bien sûr diminué ; en plus de cela, le Covid-19 n’a pas aidé. Ceci a fait que l’intensité d’échange est tombée de 63 % en 2019 à 55 % en 2020. Le Centre pour les réformes européennes a fait des prévisions à partir de statistiques et de données pour savoir ce qui se serait passé si le Royaume-Uni n’avait pas quitté l’Europe. Et ils ont conclu que le fait d’avoir quitté l’UE avait réduit les exportations de 16 %, ce qui est énorme. Ce chiffre représente beaucoup d’emplois de travailleurs qui n’ont pu être créés. Mais surtout, le plus grand problème est le fait que le Royaume manque maintenant de main d’œuvre dans certains domaines : par exemple, pendant un moment, elle n’avait plus de conducteurs de camions car une portion importante des conducteurs de camions n’étaient pas de nationalité anglaise. En effet, avant le Brexit, les entreprises anglaises pouvaient recruter des gens de toute l’Europe car ceux-ci, du fait de la liberté de circulation dans l’UE à laquelle appartenait alors le Royaume-Uni, pouvaient rester dans le pays sans avoir à faire de démarches de visa, ce qui permettait aux entreprises anglaises de recruter les travailleurs les moins chers par rapport à leurs besoins.  

Finalement, le Covid-19 a engendré une réduction de 2 % du PIB (Produit Intérieur Brut) alors que le Brexit a eu le même impact, ce qui fait donc un total de – 4 %. Donc, le Brexit a eu le même impact que le Covid-19, ce qui est conséquent. 

Pour conclure le Brexit était une idée du premier ministre Britannique, David Cameron, qui avait promis que s’il gagnait les élections, il proposerait un référendum, dans l’espoir que la sortie de l’UE serait repoussée par la population anglaise. Le but était pour les brexiters de contrôler l’immigration et de s’affranchir des régulations de Bruxelles. Cameron a perdu son pari. Et le Brexit s’est transformé en désastre économique pour son pays, ce qui a fait que beaucoup de gens ont perdu leur travail…

Arman Fourreau
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