NDLR : Article d'archive remis en ligne (cf. Crescendo no.6, Janvier 2022 "Le réseau AEFE : le monde des possibles")
En 2021, les réseaux sociaux occupent une place majeure dans nos vies de tous les jours. Ils ont cette capacité de fédérer, réunir et de créer une conversation sur le monde qui nous entoure mais comme toute bonne chose, ils peuvent être nocifs. Nous allons nous concentrer sur les effets négatifs des réseaux sociaux sur notre santé mentale, physique mais aussi à l’addiction qu’ils peuvent créer.

Passons maintenant aux effets sur notre santé mentale. Jonathan Haidt, psychologue social américain, a constaté une augmentation de l’anxiété et de la dépression chez les jeunes adolescents américains entre 2011 et 2013. Les centres pour le contrôle et la prévention des maladies ont étudié en 2015 le nombre de jeunes filles admises à l’hôpital pour s’être faites du mal volontairement. Cette analyse s’est basée sur une période de sept ans, de 2008 à 2015. Sur 100.000 adolescentes âgées de 15 à 19 ans, plus de 62 % des jeunes filles ont été admises à l’hôpital. Ensuite, sur une période de 20 ans, de 1999 à 2019, un bond spectaculaire dans la courbe des suicides d’adolescentes a été recensé. Sur 1 million de jeunes, les suicides d’adolescentes ont augmenté de 70 % par rapport à la décennie précédente. Chez les pré-adolescentes, il y a eu une hausse de 151 % des suicides chez ces jeunes. Les médecins ont constaté cette hausse à partir de 2009. En effet, cette année a été capitale dans l’histoire des réseaux sociaux car ils sont devenus disponibles sur les téléphones, leur popularité est ainsi montée en flèche. De plus, en août 2020, depuis le confinement, une hausse des suicides a été constatée chez les jeunes japonais. Une des écoutantes de l’association tokyoïte de prévention du suicide a un avis très arrêté sur cette hausse de suicide chez les jeunes adolescents : « les adolescents sont encore plus dépendants des réseaux sociaux, qui sont un exutoire, un espace de confidences, mais où les réponses des autres peuvent être décevantes, violentes, diffamantes ».

Nous ne manquons pas de remarquer le contraste entre une vie parfaitement présentée sur les réseaux sociaux et la nôtre. Ces comparaisons ont pour effet de diminuer l’estime de soi, augmentant ainsi le risque et la gravité des symptômes de dépression, d’anxiété et d’une foule d’autres émotions et comportements malsains. Le bon sens nous dicte que les vies que nous voyons défiler à l’écran sont souvent des versions embellies, irréalistes ou exagérées de la réalité. Même s’il ne s’agit que d’une idée que l’on se fait de la perfection en matière de beauté corporelle, d’unité familiale, de modes de vie ou de préférences sociales idéalisés, il est trop facile devant ces images de trouver inadéquats ses propres attributs, soit son apparence physique, son intelligence, sa réussite, son style de vie, voire son intégrité morale. Le véritable lien qui existe entre l’utilisation des médias sociaux et la santé mentale représente un domaine d’études relativement nouveau et complexe étant donné la réalité technologique en constante évolution. Bien que certaines recherches montrent les aspects et les résultats positifs de nos interactions en ligne, un nombre croissant d’études semblent appuyer la thèse contraire.

Cela nous amène à nous intéresser également aux répercussions des réseaux sociaux sur notre santé physique. La première conséquence qu’ils ont, et celle qui paraît la plus évidente aux yeux de tous, sont sur nos yeux. Qui dit addiction aux réseaux sociaux dit accroissement du temps passé sur l’écran. Ainsi de longues heures d’exposition aux lumières bleues et notre tendance à forcer nos yeux à la vision de près font que la myopie et d’autres troubles de la vision se sont répandus. En Europe de l’Ouest, 21,9 % de la population était myope selon la chaîne d’actualité LCI et il est attendu qu’en 2050 ce taux ne fasse qu’augmenter pour atteindre les 56,2 %. Cela est certes dû à plusieurs facteurs mais les réseaux sociaux accompagnés d’une forte addiction n’arrangent pas les choses. La deuxième est un autre problème que posent les réseaux sociaux et dont on parle moins. C’est son influence sur l’alimentation des enfants voir des adolescents. Une étude de la revue scientifique American Academy of Pediatrics révèle que les enfants exposés à des photos ou vidéos de malbouffe ont une plus forte tendance à préférer cette même nourriture mauvaise pour leur santé lors de leurs repas, de même pour la nourriture saine. Ce choix néfaste à leur santé se traduit par une alimentation déséquilibrée et des quantités trop importantes de nourritures ingérés causant des prises de poids ou encore des maladies comme le diabète et l’obésité parmi d’autres. Ce qui prouve que la promotion d’un certain type de nourriture sur les réseaux sociaux affecte le régime alimentaire des plus vulnérables.Et enfin, nous voilà arrivé au dernier effet néfaste des réseaux sociaux : l’addiction. Peut-on être dépendant des réseaux sociaux ? Ce terme est normalement associé à des substances telles que les drogues. Même si nous avons le sentiment de perdre notre temps, nous y retournons chaque jour : c’est plus fort que nous. La peur de louper quelque chose fait partie des causes de cette dépendance. Surtout, notre génération ayant grandi avec les réseaux sociaux, nous sommes affectés par cela. Selon la Dr. Shannon M. Rauch, lorsque vos publications en ligne sont récompensées par des commentaires ou des likes, il s’ensuit un renforcement qui peut rapidement évoluer vers une habitude dont il est difficile de se défaire. C’est justement le genre d’interaction que la plupart des gens recherchent quand ils s’inscrivent sur un réseau social ; c’est pourquoi la distinction à faire entre ce qui est sain et normal et ce qui ne l’est pas devient encore plus ambiguë. Il ne fait aucun doute que les interactions dans les médias sociaux stimulent les centres du plaisir et la production de dopamine dans le cerveau. La revue Psychological Science indique que « les sites de médias sociaux pourraient créer de l’accoutumance au même titre que l’alcool ou la cigarette ».