L’hydrogène : le futur du carburant

NDLR : Article d'archive remis en ligne (cf. Crescendo no. 5, novembre 2021 "20 ans, rien comme avant")

Durant la majorité du dernier siècle, les sources d’énergie utilisées principalement par les êtres humains ont été les sources d’énergie fossiles, plus particulièrement le pétrole. Avec l’essor des énergies renouvelables, dites « propres », au début du millénaire, l’or noir semble être progressivement remplacé par de nouvelles sources d’énergies, notamment les énergies éoliennes, solaires, hydrauliques et surtout l’hydrogène. La raison de ce changement est la nuisance que représentent les énergies fossiles pour notre environnement, un désavantage inexistant avec les énergies propres. L’hydrogène présente de ce point de vue une alternative propre et efficace.

Produisant trois fois la quantité d’énergie produite par la même quantité de pétrole, l’hydrogène pourrait bien être le prochain leader du monde des carburants. Il est déjà utilisé par des entreprises internationales comme Hyundai pour ses voitures ou la NASA pour ses fusées spatiales ainsi que dans des productions métallurgiques telles que l’acier. Cette technologie a l’avantage, comme on l’a dit auparavant, d’être propre : cela incite les entreprises à diversifier les carburants qu’ils utilisent car cela réduit les émissions de gaz à effet de serre, mais aide aussi à renforcer les relations avec leurs clients qui, la plupart du temps, préfèrent soutenir une entreprise qui évite d’endommager notre chère planète. 

Mais qui, quand et comment a-t-on découvert ce carburant innovant et comment en est-on arrivé jusque là. C’est en 1839 que Sir William Robert Grove a eu l’idée d’associer les atomes d’hydrogène et d’oxygène par électrolyse afin d’en produire de l’électricité. Néanmoins, c’est dans les années soixante que ce carburant a vraiment décollé avec son utilisation dans des fusées spatiales. Les piles à combustibles et ainsi l’hydrogène n’ont été introduits dans le secteur privé qu’en 1997 quand des marques de voiture comme Toyota et Mercedes-Benz ont commencé la production de prototypes employant ce nouveau type de carburant. 

Après avoir présenté tous ces faits, il est évident que votre première pensée, chers lecteurs, est : « pourquoi n’utilise-t-on pas ce carburant miraculeux pour tout ? » Ce serait fantastique si l’hydrogène ne faisait face à de gros problèmes techniques, les deux principaux, selon Bloomberg, étant sa production et son stockage. 

Tout d’abord, l’extraction de l’hydrogène est réalisée principalement grâce à un procédé appelé électrolyse. Cette technique consiste à séparer l’hydrogène de l’eau en utilisant un courant électrique qui est alimenté par des carburants « pas très propres ». Un deuxième procédé consiste, encore une fois, à séparer les atomes d’hydrogène mais cette fois-ci en utilisant le la la vapeur de méthane. Résultat ? Notre carburant finit par être produit par les mêmes sources qu’on essaye de remplacer. Une des solutions pour ce problème serait d’utiliser l’énergie solaire pour séparer les atomes d’hydrogène mais il nous faudrait beaucoup plus de panneaux photovoltaïques pour que ce soit un système fiable. 

Par contre, il y a un deuxième problème : le stockage. Pour conserver l’hydrogène, il faut le contenir dans des réservoirs à haute pression qui sont extrêmement chers à maintenir car ils consomment de grandes quantités d’énergie et nécessitent des métaux précieux comme le platine. Les scientifiques cherchent à réduire le coût de production en conservant l’énergie dépensée dans la chaleur et le bruit produit par une voiture. Un autre système serait d’adapter les moteurs à combustion interne afin qu’ils fonctionnent avec l’hydrogène, ils sont également fiables d’un point de vue économique car leurs coûts de production sont moins élevés par rapport aux piles à combustibles utilisés en ce moment pour l’hydrogène.  

Aujourd’hui on voit que ce carburant est principalement utilisé en Asie et en Europe mais tout le monde n’est pas aussi enthousiaste. Selon CNBC, Elon Musk, PDG de Tesla et fondateur de SpaceX, dit que la technologie des véhicules électriques à base d’hydrogène est « incroyablement stupide » (les voitures produites par son entreprise fonctionnent uniquement avec des batteries électriques). Il est allé jusqu’à traiter les piles à combustibles de « fool cell », un jeu de mots du nom anglais (fuel cell). A-t-il raison ? Ou est-ce juste une tentative de salir la réputation des piles à combustibles à hydrogène ? 

On voit que certains pays ont déjà commencé à augmenter leurs stations de recharge d’hydrogène, notamment le Japon qui vise 1000 stations avant 2030. Contrairement au Japon, la France avec ses 17 stations d’hydrogène n’a formulé aucune ambition d’augmenter son nombre de stations. Malgré cela, elle reste le deuxième pays en Europe en nombre de stations derrière l’Allemagne.

Le futur de l’hydrogène reste incertain, même avec le Pacte vert qui a coûté à l’UE 740 milliard d’euros : va-t-on vraiment utiliser l’hydrogène pour conduire nos voitures ? Ou même encore, pour toute forme d’électricité ? Le carburant fait face à de nombreuses questions mais selon les mots de Gaston Bachelard, « Toute connaissance est une réponse à une question ».

Plus de publications

Laisser un commentaire