“Influencer” ou “Imposer”, quelle stratégie prime au XXIe siècle ?

Imposer a longtemps été un moyen de s’affirmer par rapport à une autre personne, et ce, au fil du temps. Les guerres en sont le meilleur exemple : une puissance cherche à envahir ou affaiblir une autre, dans une bataille où le plus puissant gagne. Mais, suite à la bipolarisation du monde lors de la Guerre froide, on commence à parler d’influence. Elle se fait notamment avec l’apparition de blocs centraux, comme les communistes côté Orient, et démocraties côté Occident. L’influence devient ainsi le facteur le plus important, les deux camps ne pouvant s’envoyer des missiles nucléaires comme bon leur semble. Et si on cherche à suivre cette évolution, aujourd’hui, lequel prend le dessus : “influencer” ou “imposer” ?

Le XXIème siècle est (était ?), du moins comparé au précédent, une ère de paix. De nombreuses alliances s’étaient formées, et ce, autour des puissances qui ont commencé à émerger dès la fin du 19ème siècle. On pense par exemple au Royaume-Uni et au Commonwealth autour de l’ex-Empire Britannique, à la CEI autour de l’ex-URSS, à l’OTAN regroupant la quasi-totalité des pays européens et à l’ONU, dont le siège est à New York. Militaires ou tout simplement politiques, ces alliances ne sont pas prêtes de s’effondrer, à l’exception de la CEI (situation en Ukraine) et du Commonwealth (désir d’indépendance des ex-colonies anglaises).

De l’ex-URSS à la Russie actuelle

La CEI est une alliance formée par les accords de Minsk suite à l’effondrement de l’URSS en 1991. Elle souligne globalement l’unité territoriale, politique et économique des pays ex-membres de l’ex-URSS, tout en instaurant un cessez-le-feu permanent entre les États membres. La Russie se démarque dans cette alliance en étant (selon le GFP) la deuxième puissance militaire du monde (hors nucléaire). Il est évident que ce pays concentre sa stratégie sur le hard power, notamment avec la situation en Ukraine, qui part de la volonté de la Russie d’empêcher ses voisins d’intégrer l’OTAN. L’influence de la Russie était déjà très grande ; des régions au sein de l’Ukraine étaient déjà pro-russes et réclamaient leur indépendance afin de rejoindre la Russie. N’oublions pas, d’ailleurs, que la Russie possède l’arme nucléaire, et a donc la force de dissuader ses adversaires. Elle s’impose même dans le domaine politique, ayant cherché lors des présidentielles françaises de 2022 à favoriser l’élection de Marine Le Pen à travers la chaîne de télévision russe : Russia Today.

Les Etats-Unis, une hyperpuissance

Dès la fin de la guerre froide, pour qualifier les Etats-Unis on n’utilise plus le terme de “superpuissance”, mais celui d’“hyperpuissance”. Un terme qui désigne une puissance dominante, au sommet. Nul doute possible, ce terme ne peut être attribué qu’aux Etats-Unis. Déjà un centre important au début du 20ème siècle, aujourd’hui ce pays s’illustre notamment par son influence car oui, la puissance de ce pays réside en particulier dans le “modèle” qu’il représente. Parangon de la modernité, beaucoup suivent et prennent les Etats-Unis comme une figure exemplaire. Pôles d’innovation, universités de renommée mondiale, grandes entreprises, séries, langues, sports, vêtements… Nombreux sont ceux qui cherchent à intégrer le “American way of Life” dans leur quotidien. On ne peut par contre nier le fait qu’il représente un hard power sans égal : un arsenal militaire complet, des bases militaires nombreuses, une économie forte, puissante ainsi qu’un armement nucléaire important. L’ancien président américain Obama soulignait d’ailleurs sa volonté d’utiliser le smart power, un mélange d’influence et d’imposition.

Une puissance ascendante, la Chine au XXe siècle

On ne peut pas parler de puissances sans mentionner la Chine, une puissance ascendante du XXème siècle. Ce pays évolue au cours du siècle précédent, depuis la chute de l’URSS. Les rivalités entre la Chine et les Etats-Unis sont devenus l’agenda majeur de la géopolitique actuelle alors que la Chine n’était qu’un pays du tiers-monde jusqu’en 1949. Elle est devenue ce qu’on peut appeler aujourd’hui “l’atelier du monde”, tant elle est productive dans tous les secteurs. Xin Jinping veut d’ailleurs affirmer la volonté de la Chine à devenir la première puissance mondiale, devant les Etats-Unis. On fait face à ce qu’on appelle le piège de Thucydide en référence à l’essai du professeur Graham Allison intitulé Vers la guerre : L’Amérique et la Chine dans le piège de Thucydide ? : de la même manière que Sparte n’acceptait pas la montée en puissance de la cité d’Athènes, les Etats-Unis n’acceptent pas la montée en puissance de la Chine, ce qui crée des tensions, tout comme durant la guerre froide entre les USA et l’URSS.

La France, par la menace que son Empire représentait, est devenue de plus en plus imposante sous la gouvernance de Napoléon Ier. Le Royaume-Uni, par sa révolution industrielle, est devenu une source de développement et a étendu son influence.

Tous les pays n’ont pas eu la même façon de se démarquer. Aujourd’hui, tous les pays du monde cherchent à utiliser le “smart power”, une notion inventée par Barack Obama pour définir un mélange entre “influencer” et “imposer”. Nous ne pouvons donc pas trancher en déterminant le mode de domination (imposer ou influencer) qui prime au XXIème siècle. Cependant, nous pouvons bel et bien affirmer qu’un pays qui n’use de ces méthodes ne peut être considéré comme une puissance à proprement parler. 

Mis en page par Eren Köseoglu

Kaan Özkan
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