L’élection présidentielle brésilienne de 2022 a eu lieu les 2 et 30 octobre 2022. Il s’agit de la 9e élection présidentielle du pays depuis la promulgation de la Constitution de 1988.
Le premier tour, achevé le 2 octobre, a donné lieu à un deuxième tour entre le président sortant classé à l’extrême droite, Jair Bolsonaro, et l’ancien président du Brésil de 2003 à 2010 classé à l’extrême gauche, Lula. Les résultats du premier tour ont été 48,26 % de votes favorables pour Lula et 43.34 % pour Jair Bolsonaro.

Quant au résultat du second tour, il s’est avéré très serré. Lula en est finalement sorti vainqueur : il a obtenu 49,10 % des suffrages contre 49,10 % pour Bolsonaro d’après les chiffres définitifs communiqués par le Tribunal supérieur électoral. Il est donc désormais le président du Brésil pour les 4 années à venir.
Les élections achevées, il peut être judicieux de revenir sur les portraits des deux candidats qui se sont opposés durant ce second tour.
Le portrait des candidats

Luiz Inácio Lula da Silva, plus connu sous le nom de Lula, est un politicien brésilien, président du Brésil de 2003 à 2010. Membre fondateur du Parti des travailleurs (PT), il s’est présenté en vain à trois reprises aux élections brésiliennes avant de remporter celle de 2002. Il a été réélu en 2006. Durant son mandat, Lula a introduit des programmes sociaux de grande envergure, notamment Bolsa Família et Fome Zero , visant à lutter contre la pauvreté et à donner une plus forte importance à la classe ouvrière du pays. Cependant, il a été mis en cause dans des scandales pour fraude au sein de son parti. Il a notamment été accusé d’avoir favorisé des entreprises du bâtiment dans « l’octroi de marchés publics ». Jugé le 5 avril 2018 par la Cour fédérale suprême du Brésil, l’ex-président a été condamné à neuf ans de prison pour « corruption passive et blanchiment d’argent ». Or Lula n’effectuera pas ces 9 années de prison car le jeudi 15 avril 2021 la cour suprême brésilienne décide de l’annulation des condamnations au pénal contre Lula : la plus haute instance judiciaire du pays a estimé que le juge qui l’a condamné, Sergio Moro, n’était pas impartial et aurait agi dans le but de nuire à l’ex-président. Ce même juge est devenu, quelques années plus tard, ministre de la justice sous le régime de Bolsonaro. Grâce à ces annulations pénales qui ne l’innocentent pas pour autant, Lula a pu se présenter aux élections présidentielles et vient donc de les remporter face à Bolsonaro.

Jair Messias Bolsonaro est un homme politique brésilien. Officier militaire à la retraite, il a été président du Brésil depuis le 1er janvier 2019 jusqu’aux dernières élections. Il a été élu en 2018 pour le Parti social libéral conservateur puis a décidé de quitter ce parti. Il est diplômé de l’Académie militaire de Agulhas Negras. Le grand public le découvre en 1986, lorsqu’il écrit un article pour le magazine Veja critiquant les bas salaires des officiers militaires. Après la rédaction de cet article, il est arrêté et détenu pendant 15 jours.
Un an plus tard, le magazine Veja l’a accusé d’avoir prévu de poser des bombes dans des unités militaires, ce qu’il a démenti. Après sa condamnation par un tribunal inférieur, la Cour suprême militaire brésilienne l’a jugé innocent en 1988. Lors de sa campagne électorale brésilienne de 2018, il a commencé à mettre en avant des politiques économiquement libérales et favorables au marché. Bolsonaro est considéré par beaucoup comme un politicien polarisant et controversé : ses déclarations ont été considérées comme racistes et populistes, suscitant à la fois des éloges et des critiques au Brésil.
Selon moi, Bolsonaro est un personnage symbole d’intolérance, en particulier pour ses propos haineux envers les femmes. Je cite : “il est difficile d’être un entrepreneur au Brésil. La raison ? C’est une disgrâce d’être patron dans notre pays, avec toutes ces lois du travail. Entre un homme et une femme, que va se dire un patron ? Cette femme a une alliance au doigt, dans peu de temps elle sera enceinte, six mois de congés maternité (…) Qui paiera l’addition ? L’employeur.” Il est aussi très clairement opposé au mariage pour tous et nourrit même une haine envers les personnes homosexuelles. Dans une interview accordée au magazine Playboy en 2011, Jair Bolsonaro assure qu’il serait incapable d’aimer un fils homosexuel. “Je préférerais qu’il meure dans un accident de voiture plutôt que de le voir avec un moustachu” affirme t-il alors. Il est aussi raciste et il l’assume En 2011, une animatrice brésilienne lui demande lors d’une interview télévisée quelle serait sa réaction si l’un de ses fils tombait amoureux d’une femme noire. “Je ne discuterais pas de la promiscuité avec qui que ce soit. Il n’y a aucune chance que ça arrive. Mes enfants sont bien éduqués. Ils n’habitent pas dans les mêmes endroits que vous” répond t-il.
Bolsonaro a aussi été très critiqué vis-à-vis de sa gestion catastrophique de la crise sanitaire. En effet, plus de 600 000 personnes sont décédées du Covid-19 au Brésil. Depuis le début de la pandémie, le président a minimisé l’impact du virus, le comparant à une “gripette”. Il n’a jamais mis en place de confinement dans le pays ni de couvre-feu, il a même pris un bain de foule en pleine crise sanitaire.
Comme vous pouvez le constater nous avons eu ici un duel de deux idéologies totalement opposées. Cette élection était une élection cruciale pour le futur du Brésil qui doit se relever après une gestion de la crise sanitaire totalement catastrophique de la part du précédent gouvernement et une politique environnementale, en particulier en Amazonie, totalement désastreuse. Les électeurs ont décidé que le gouvernement devait changer et que Bolsonaro devait perdre ces élections. J’émet tout de même une grosse réserve sur le gouvernement de Lula dans le contexte politique instable d’un Brésil très polarisé. Attendons de voir les premières mesures pour redresser le pays de la part du gouvernement de Lula.