Terra Nostra : 2e édition des Rencontres des jeunes francophones @IST

Le 5 avril 2023, les élèves du Lycée français Pierre Loti ont, pour la deuxième fois, organisé une demi-journée de rencontres Terra Nostra dans la salle de l’Institut français d’Istanbul afin d’échanger sur certains Objectifs du développement durable. Ces débats ont permis aux élèves de Pierre Loti et de six écoles francophones d’Istanbul de partager leur vision de problèmes actuels en valorisant leur esprit critique.

Dans cette organisation particulière par les lycéens pour les lycéens, des orateurs issus de chaque lycée participant ont préparé des présentations, les modérateurs ont créé une atmosphère interactive avec le public constitué d’éco-délégués lycéens, d’élèves de Spécialité HLP et des délégations des lycées francophones (clubs environnement, MUN, etc.), et de nombreux élèves ont eu la possibilité de s’informer sur la problématique du plastique et de la place des femmes dans la société. 

La longue matinée de Terra Nostra 2 a débuté avec la cérémonie d’ouverture où se sont succédés les discours de la vice-présidente du Conseil de la vie lycéenne (CVL), Lal Yildirim, de M. Frédéric Colombel, chef d’établissement du Lycée français Pierre Loti d’Istanbul, et de M. Olivier Gauvin, Consul Général de France à Istanbul. A travers les discours qu’ils ont prononcés devant une salle comble, ils ont partagé leurs avis sur l’importance de donner la parole à nous les jeunes générations, en particulier sur les Objectifs du développement durable de l’ONU, tout en encourageant les participants de la table ronde à échanger. Ils ont également évoqué les problématiques et les thèmes qui allaient être abordés durant cette deuxième édition de Terra Nostra.

Un monde sans plastique ?

La première table ronde soulevait la problématique d’ ‘Un monde sans plastique ?’. Pour traiter ce sujet, huit thèmes ont été abordés en s’intéressant à l’importance du plastique dans nos sociétés et en cherchant à évaluer la possibilité de s’en passer. Après avoir tout d’abord défini le mot ‘plastique’ d’une manière détaillée pour comprendre cette notion qui est la base de la problématique, c’est l’évolution de l’utilisation du plastique qui a été explorée. La production mondiale de plastique a par exemple connu une croissance exponentielle, passant de 2,3 millions de tonnes en 1950 à 162 millions en 1993 puis 448 millions en 2015. Or, les différents types de plastiques, dont les PVC qui sont les types de plastique les plus couramment utilisés, ont des effets négatifs qui mettent en danger notre biodiversité, en polluant notre terre.

A partir de la Seconde Guerre mondiale, on peut parler d’une révolution du plastique dont les différents usages se diversifient beaucoup : c’est vraiment à partir de cette période que l’on commence à utiliser beaucoup de plastique, devenu indispensable. La raison pour laquelle les entreprises préfèrent les matières plastiques est que les plastiques ont une durée de vie longue, une résistance notable et une utilisation d’énergie faible lors de leur fabrication, ce qui entraîne un coût de production très intéressant pour l’industrie et tous les secteurs économiques.

La présence du plastique dans plusieurs secteurs comme le textile (polyester), l’automobile, les sports (vélo, ski, alpinisme etc.), ou le secteur cosmétique est saisissante et nous prouve son omniprésence. Cela s’accompagne toutefois d’inconvénients, et en particulier d’impacts économiques et écologiques forts.

Juste après cela, c’est la question de la dégradation des plastiques qui a été abordée, en s’appuyant sur des exemples précis de durée de dégradation : par exemple, celle d’une bouteille de plastique est de 450 ans. Avant de poser des questions aux orateurs et d’interroger les spectateurs, le problème de l’effet du plastique dans le milieu aquatique, et notamment celui de la dégradation chimique des plastiques qui libèrent de nombreuses molécules dont certaines sont très toxiques pour les organismes vivants, a été traité.

Ces informations, très intéressantes, portées par les orateurs, ont fait naitre des questions auxquelles nous avons collectivement essayé de répondre. Pendant ce débat sur les impacts du plastique sur notre terre, nous avons échangé sur le comportement inacceptable de l’homme qui n’agit pas, des entreprises qui ne font pas de vrais efforts face à la pollution –un problème nous concernant tous !- et des gouvernements qui doivent nécessairement inciter voire obliger par la loi ces entreprises à évoluer, pour qu’il y ait un changement. Après avoir donné nos avis sur ces sujets intéressants, le modérateur a proposé une synthèse qui résumait tout ce qui avait été dit.

Nous avons alors abordé la seconde partie de la table ronde, dont la problématique était ‘qu’est-ce qu’être femme ?’

Qu’est-ce qu’être femme ?

Nous avons tout d’abord étudié la représentation de la femme dans les religions monothéistes et polythéistes, tout en évoquant la stabilité des religions qui ne connaissent pas de changements malgré les siècles qui passent et les pratiques des sociétés qui évoluent constamment. Nous avons également parlé des droits des femmes, qui ont connu de multiples changements au fils du temps, depuis la créatrice de la Déclaration des droits de l’homme et de la citoyenne, une des premières pionnières du féminisme au XVIIIème siècle, Olympe de Gouges. On a également parlé des luttes menées par des femmes afin d’obtenir les mêmes droits que les hommes, avec par exemple la MLF (Mouvement de libération des femmes).

On a ensuite abordé le thème de ‘La femme dans le monde de travail’, en parlant des inégalités au niveau de la répartition du travail. On a mentionné les métaphores et les expressions mises en place juste pour ridiculiser les femmes. Puis, on a évoqué les attentes de la société qui sont totalement irréelles et limitatives : une mère parfaite, une épouse idéale. Par ailleurs, on a constaté que quel qu’ait été le changement des standards de beauté et des normes sociales au cours du temps, le regard que les hommes portent sur les femmes est toujours influencé par des facteurs d’apparence extérieure qui poussent les femmes à s’adapter à ces normes sociales.

On a continué nos échanges en s’interrogeant sur les différences biologiques entre les hommes et les femmes. On a également défini les femmes transgenres sur le plan universel, tout en mentionnant l’infériorisation des femmes transgenres dans nos sociétés. Le dernier thème qui a été mis en valeur était la place de la femme dans l’art, en définissant notamment différents concepts comme le ‘male gaze’ et le ‘female gaze’. En effet, l’évolution et l’usage de la représentation des aspects physiques des femmes dans le cinéma a fait naitre un concept appelé ‘male gaze’ qui consiste à ‘chosifier’ les femmes en les traitant comme des objets sexuels passifs, ce qui les caricaturise tout en les dévalorisants. A l’opposé, le ‘female gaze’ consiste à laisser exister les femmes, les libérer des rôles qu’on les attribue dans le cinéma. Le débat qui s’en est ensuivit a été très intéressant. Finalement nous pouvons dire que ces tables rondes ont permis que se développent des échanges fructueux qui nous ont fait réfléchir en tant que lycéens mais qui ont également interpellé les adultes présents. Elles ont permis aux étudiants d’échanger, de se rencontrer et de parler de sujets qui nous sont indispensables pour notre futur commun. En débattant sur des sujets qui leur importent, les lycéens ont restructuré leur vision du monde en matière de gestion du plastique et concernant la place de la femme dans notre monde. Une belle réussite donc !

A l’année prochaine pour une troisième édition ! 

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