En ce jour de mobilisation contre la réforme des retraites défendue par le gouvernement, plongez-vous dans les arguments des soutiens et ceux des opposants à cette réforme majeure du système de protection sociale français.
Le système actuel des retraites
Le système des retraites fonctionne de manière collective. Lorsque vous travaillez, tous les mois de l’argent est prélevé sur votre salaire. Cela s’appelle les cotisations et elles vont directement dans les caisses de retraites. Cet argent va ensuite être redistribué chaque mois sous forme de pension de retraite aux retraités actuels. Pour résumer, les personnes qui travaillent en France sont celles qui financent la retraite des retraités effectifs à ce moment-là. Le montant de cette pension est calculé d’après plusieurs facteurs : les années de travail dans votre vie et votre niveau de revenu. A titre d’exemple, en 2020, la pension moyenne d’un retraité était de 1400 euros brut par mois.
Les raisons derrière la réforme
La première raison est le financement des retraites : en effet, aujourd’hui, un déséquilibre apparaît entre le nombre des retraités et celui des salariés. Ce déséquilibre se creuse de plus en plus en raison du vieillissement de la population. Il y a donc moins de gens qui travaillent et plus de retraités. Les cotisations ne suffisent pas pour financer les retraites des retraités.
La deuxième raison est la simplification du système des retraites. A l’heure actuelle, il existe 42 régimes de retraites différents dont 11 régimes spéciaux comme celui des avocats, des employées de la SNCF, des employées de la RATP, des fonctionnaires etc. Ces régimes spéciaux permettent d’aller plus tôt à la retraite ainsi qu’un calcul différent de la pension de retraite. Le gouvernement argue que ces différents régimes creusent les inégalités entre les retraités d’où la nécessité de cette réforme.
La réforme telle que proposée par le gouvernement
La réforme va premièrement changer l’âge légal de départ à la retraite qui est aujourd’hui de 62 ans à 64 ans d’ici 2030 en ajoutant un trimestre par an. Cela signifie qu’il faudra désormais travailler un minimum de 43 ans au lieu de 41 ans pour être retraité. Il faudra aussi avoir versé des cotisations pendant une certaine durée afin d’avoir droit au montant de retraite maximal. Le gouvernement espère qu’en repoussant l’âge légal de la retraite, les personnes travaillent plus longtemps afin de produire plus de cotisations et que les personnes prennent plus tard leur retraite. Ainsi, le nombre de retraités sera réduit et par extension, les sommes à payer chaque année.
Ensuite, la réforme mettrait fin aux régimes spéciaux afin de les affilier au régime classique. Certaines exceptions persisteraient comme : les avocats, les marins, les employé.e.s de l’Opéra de Paris et les employé.e.s de la Comédie Française.
Enfin, la réforme vise à modifier l’évolution du montant des pensions, calculé par rapport au temps de travail et au revenu généré. Chaque montant est donc personnalisé suivant la situation de chacun. La pension minimale sera de 1200 euros brut par mois, l’équivalent d’environ 1000 euros net par mois. Or, ce changement fait polémique car le gouvernement voudrait que la pension minimale s’applique désormais dans le cas des retraites actuelles.
Guide de survie pour comprendre la réforme des retraites.

Les oppositions à la réforme
La cause des grèves et des manifestations actuelles en France est due à l’opposition de certains grévistes à la fin des régimes spéciaux mais surtout au report de l’âge de départ à la retraite qui fait énormément polémique depuis que le gouvernement a annoncé cette réforme. Les détracteurs affirment qu’il est très difficile pour une personne âgée de plus de 60 ans de trouver un travail s’il est au chômage mais aussi de poursuivre son travail actuel s’il est trop épuisant. D’après les opposants à cette réforme, repousser l’âge légal de la retraite ne résoudrait pas le problème ; bien au contraire, plus de personnes âgées risqueraient de se trouver au chômage.
Les alternatives à la réforme
Une alternative à la formule proposée par le gouvernement serait d’augmenter les cotisations ou le montant prélevé sur le salaire des personnes qui travaillent. Or le gouvernement rejette cette proposition : opter pour une augmentation des cotisations diminuerait le pouvoir d’achat des salariés.
L’alternative mise en avant par nombre d’économistes consiste à faire contribuer les retraités en augmentant leurs impôts et en supprimant le fait que la pension des retraités suive la hausse des prix, le niveau de vie des retraités étant parfois supérieur à celui des actifs. Néanmoins, le gouvernement s’oppose à cette alternative qui lui semble traiter injustement des retraités qui ont déjà travaillé toute leur vie.
Quant à la proposition soutenue par la gauche, elle consiste à faire contribuer les personnes aux plus haut revenus, les personnes les plus riches ou les superprofits de certaines entreprises en les taxant davantage, ce qui permettrait de combler le déficit actuel des retraites.
En bonus : l’article à lire si vous n’avez rien compris à la réforme des retraites.
Illustration de couverture de Yasemin Gumpert
Article mis en page par Arif Kılınç