Récession au Royaume-Uni post-Brexit

Selon les données de l’Office des statistiques nationales publiées en novembre 2022, le PIB du Royaume-Uni aurait reculé de 0,2% et annonce ainsi l’entrée en récession du pays sorti de l’Union européenne depuis 3 ans.

Une plongée vers la récession

La récession désigne un recul consécutif de deux trimestres du produit intérieur brut. Tout en ne sachant pas combien de temps durera cette récession, il est certain selon les économistes que les  trimestres à venir seront également négatifs. D’ailleurs, la banque d’Angleterre estime que cette période pourra s’étaler sur 2 ans, tandis que d’autres comme S&P Global Market intelligence ou HSBC pensent qu’elle prendra fin vers la fin du premier semestre de 2023.

Ce qui est sûr, c’est que le Royaume-Uni traverse en effet une période économiquement très difficile, touchant davantage les ménages que les entreprises. Les factures d’électricité et de gaz ont doublé, les taux d’intérêt sur les emprunts immobiliers ont quadruplé, et l’inflation avait atteint 10,1 % en septembre (sur un an), rognant sévèrement le pouvoir d’achat. Par conséquent, les dépenses des ménages ont baissé. 

Par ailleurs, même si toute l’Europe connaît un fort ralentissement économique à cause de la montée des prix du gaz cet été, les économistes de HSBC soulignent que le Royaume-Uni est un peu plus affecté que les autres pays. On observe que son PIB est resté 0,4 % en dessous de son niveau d’avant la pandémie. En comparaison, celui de la zone européenne est 2 % au-dessus, pour 4,2 % aux Etats-Unis. L’économie britannique est donc l’une des rares au sein des pays développés à ne pas avoir retrouvé son niveau d’avant la Covid. 

Situation énergétique difficile

Si le Royaume-Uni est moins dépendant que d’autres pays des interruptions d’approvisionnement en hydrocarbures russes, ses recours énergétiques reposent fortement sur le gaz, devenu cher, ce qui rend cette période économique particulièrement difficile.

Noa Bensusan. DR.

Manque de main d’oeuvre

Le pays souffre aussi d’un manque de main d’œuvre dû au Brexit, qui complique l’embauche de travailleurs européens. De plus en plus de chefs d’entreprises critiquent l’impact de la sortie de l’Union européenne sur l’immigration et donc sur le marché du travail. “C’était l’éléphant dans la pièce dont personne ne voulait parler” exprime David Bailey, professeur de management à l’université Aston de Birmingham. Néanmoins, le Brexit n’est pas la cause principale de la récession même s’il a produit une réduction des investissements et du commerce, réduisant la vitesse de croisière de l’économie britannique. 

En outre, l’enjeu est d’autant plus sensible que la banque centrale aurait commencé à revendre les obligations d’État qu’elle avait rachetées lors des quatre plans d’assouplissement quantitatif exécutés depuis 2009, réduisant ses marges de maneuvres.

Voyons voir l’évolution de la situation dans les mois à venir.


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