Le retour du Covid-19 en Chine

La Chine fait face à une flambée de l’épidémie de Covid-19. La fin de la politique du zéro Covid a fortement contribué à cette propagation fulgurante. Que se passe-t’il dans ce pays alors qu’il vient de se rouvrir au monde ?

Des mesures drastiques dès le départ

Depuis 3 ans, la Chine impose des restrictions strictes contre l’épidémie de Covid-19. La République populaire de Chine  a longtemps appliqué la politique du « zéro Covid ». Les autorités voulaient qu’il n’y ait aucun cas de Covid quand bien même le vaccin chinois produit par la Chine s’est avéré inefficace. Pour remédier à cela, ils ont soumis les citoyens à des confinements répétés. Il y a donc eu beaucoup de restrictions, comme des confinements massifs, de longues quarantaines et des tests PCR exigés pour accéder aux lieux publics.
Par exemple, les 1,8 million d’habitants du district de Haizhu à Canton ont été confinés à nouveau fin octobre. Le 20 novembre 2022, à cause du Covid-19, il y a eu un premier mort à Pékin depuis le mois de mai et on a annoncé 24.000 cas en un jour. La hausse des cas a mené aux fermetures des établissements et de nouveau au confinement généralisé de la population. 

Une situation que le peuple épuisé a du mal à tolérer : cri de révolte, censure et répression

Sachant qu’ils avaient déjà été confinés pendant 2 mois au printemps, les Chinois n’étaient pas contents de se reconfiner encore. Le 26 novembre, le confinement aurait été la cause principale de la mort de 10 personnes dans  le drame de l’incendie survenu dans la ville d’Urumqi. En effet, les voitures garées, suite au confinement, bloquaient la route empêchant l’arrivée des pompiers. Ce qui a provoqué  des manifestations critiquant la politique de lutte contre le virus et le pouvoir chinois. Les manifestants brandissaient des feuilles blanches représentant la censure qui les empêche de s’exprimer. Par ces manifestations, ils revendiquaient plus de libertés.
« Nous n’avons rien écrit sur cette page blanche, mais implicitement, cela a beaucoup de sens. Notre pays ne nous laisse pas écrire quoi que ce soit. Mais même si nous n’écrivons rien, les gens savent ce que nous voudrions dire. Ce que je ressens, c’est que pour quelques heures, je suis libre : même si c’est très court, pour une fois, je peux dire ce que j’ai envie de dire » témoignait ainsi une manifestante à Shanghaï. 

En Chine, la censure est utilisée surtout pour les thèmes comme la politique, la violence et le sexe. En 2021, 20.000 employés étaient chargés de la « vérification de contenu » en Chine. Néanmoins, étant donné que les manifestations ont eu lieu partout en Chine, il était plus difficile de tout censurer.
La police a arrêté de nombreuses personnes et ils contrôlent les téléphones et les réseaux sociaux pour repérer à l’avance les protestations. Malgré la répression des autorités chinoises, les manifestations se sont poursuivies, allant même jusqu’à réclamer le départ du président chinois Xi Jinping. 

L’un des arguments du gouvernement qui justifiait la politique du zéro Covid était le taux insuffisant de vaccination des personnes âgées. Ils essayent donc désormais de les vacciner plus rapidement, avec l’objectif que 97 % des personnes de plus de 60 ans aient trois doses. 

Un retournement de situation aussi inattendu qu’espéré 

Mais, le 7 décembre 2022, la Chine a abandonné sa politique zéro Covid. Les règles sanitaires ont été brusquement assouplies : « Les personnes infectées asymptomatiques et les cas légers qui peuvent être isolés à domicile le seront de manière générale » au lieu d’être envoyés dans des centres de quarantaine comme c’était le cas jusque-là depuis 3 ans. 

Il est notamment désormais possible de voyager d’une province chinoise à l’autre sans présenter de test PCR négatif de moins de 48 heures. Les tests imposés à toute personne pour accéder à tout lieu public ne sont à présent plus nécessaires pour la majorité des bâtiments publics. De plus, la population chinoise ne sera plus testée de manière  systématique à la moindre détection d’un cas. Enfin, les autorités confinent désormais les immeubles touchés seulement et non plus des quartiers, voire des villes entières de plusieurs millions d’habitants. S’il n’y a pas de cas pendant cinq jours, les immeubles seront rouverts. 

Des conséquences dramatiques

Néanmoins, ce changement brutal de politique sanitaire a engendré une augmentation très importante des cas, avec un grand risque pour les personnes âgées, ce qui coïncide avec une pénurie de médicaments. Après la levée des restrictions, entre le 8 et 12 janvier 2023, 59.938 personnes seraient mortes de l’épidémie. Les hôpitaux sont désormais submergés. Entre le 13 et le 19 janvier, ont été comptabilisés 13.000 décès. La grande majorité de la population aurait donc déjà été contaminée. 

Depuis le 8 janvier 2023, les tests et la quarantaine ne sont plus obligatoires pour les personnes entrant en Chine. Cependant, face à cette politique, de nombreux pays comme les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Corée du Sud ou le Japon imposent de nouvelles mesures aux voyageurs venant de Chine ou encore de Hongkong et de Macao. Généralement, ces derniers doivent présenter des tests négatifs réalisés obligatoirement quarante-huit heures avant leur  voyage.  

Illustration de couverture de Yasemin Gumpert
Article mis en page par Arif Kılınç

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