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La place du français parmi les jeunes stambouliotes

NDLR : Article d'archive remis en ligne (cf. Crescendo no.7, Mai 2022 "La France à Istanbul, une présence durable")

Quand on examine l’effet de la langue française sur les jeunes Stambouliotes, il est impossible de ne pas voir l’impact des lycées francophones. Depuis le 19ème siècle, plusieurs lycées d’origine étrangère ont été fondés quand l’Empire ottoman s’est tourné vers l’Occident : l’école française est devenue une mode grâce à des lycées comme Notre Dame de Sion, Sainte Pulchérie, Saint Joseph, Saint Benoit, Saint Michel, etc. Ces écoles, qui ont un passé de presque 200 ans, ont fait entrer des artistes, des journalistes, des académiciens dans la société, et ont fait partie d’une vague laïque dans la société turque. Même le père des Turcs, Mustafa Kemal Atatürk, avait choisi l’école française Notre Dame de Sion pour ses filles adoptives. Aujourd’hui, ces écoles continuent leur éducation moderne et prestigieuse en respectant les valeurs de la république, notamment la laïcité. 

De la même façon, le fait que la culture française ait un effet sur la jeunesse turque est inévitable, surtout dans une métropole comme Istanbul. Quand on mentionne la France, les premières choses qui nous viennent à l’esprit sont : le béret, la baguette, le croissant, le vin… Ce sont des stéréotypes français en fait. L’un des pivots de la culture, c’est évidemment la gastronomie. Malgré le fait que certains soient strictement opposés à cette idée, selon d’autres la cuisine française est la meilleure du monde. Dans les restaurants très courus d’Istanbul, on voit qu’ils sont inspirés par la gastronomie française. 

De plus, l’Institut français contribue à cette diffusion en faisant la promotion de cette culture. Par exemple, il organise un festival de cinéma dans lequel sont projetés des films. De tels événements (projections de films, conférences, concerts, séminaires, expositions…) organisés par l’Institut français nous font très bien découvrir la culture française. Cette interaction est particulièrement évidente lors du printemps de la Francophonie. 

Actuellement, nous sommes dans ce printemps de la Francophonie. Une semaine est particulièrement célébrée chaque année autour du 20 mars par les personnes qui apprennent la langue française, ou dont la langue maternelle est le français.. Diverses activités sont organisées : c’est une semaine informative et en même temps amusante. Pendant la semaine francophone, les non-francophones peuvent découvrir l’importance du français, sont témoins de la beauté de la langue française et des avantages d’être francophone. 

Tous les francophones du monde célèbrent cette semaine, mais pourquoi ? Évidemment, il y a les efforts des institutions mais cela ne peut pas dépendre uniquement d’eux. Les francophones sont fiers d’être francophones, car parler et écrire cette langue apporte une différence. C’est une réalité ! Nous ne disons certainement pas cela car quelqu’un d’autre veut entendre ceci. Nous pensons ainsi depuis que nous sommes francophones. Le français est une langue de la littérature et de la philosophie ; c’est une langue d’art. Si un jeune veut devenir écrivain ou historien, être capable de parler et penser en français sera toujours un avantage. Mais ce n’est pas tout, le français n’est pas seulement avantageux pour certains métiers ; mais aussi pour acquérir une certaine vision du monde. En Turquie, il y a un proverbe très profond : “Une langue équivaut à un homme ; deux langues à deux hommes.” Quand on parle le français, on ne communique pas seulement, on parle français mais on pense aussi de manière française. Lorsqu’un francophone apprend le français, il ou elle lit des livres français, écoute de la musique en français, regarde des films français. En tant que francophones, nous pouvons confirmer que le français a apporté beaucoup de choses dans notre vie, et nous sommes contents de ces changements. 

Nous, francophones d’Istanbul, éprouvons le plaisir de pouvoir parler français dans un lieu turcophone. Comme Istanbul est une région touristique, nous pouvons comprendre lorsque nous entendons des personnes parlant en français en marchant dans la rue, nous pouvons indiquer des chemins et discuter avec eux dans leur propre langue. Parfois, même être capable de lire les noms des restaurants que nous voyons autour de nous, dont les noms sont écrits en français, peut vous faire sentir spécial.. Pouvoir dire “je parle français” est un privilège si vous nous le demandez. Une personne qui parle français est aussi familière de la culture française. Chaque langue apprise et parlée apporte avec elle sa propre culture. Gastronomie, habillement, art, personnalité… Toutes les connaissances de toutes les branches se conjuguent pour former une culture et, grâce à elle, une langue. 

Cela nous amène à des intérêts différents et à de nouvelles activités. Lorsque nous combinons les connaissances que nous avons acquises tout en découvrant une autre culture, cela peut faire émerger en nous une vision et des façons de penser complètement différentes. En même temps, en tant que Turcs, nous bénéficions d’avantages en tant que francophones grâce à l’étymologie de la langue française et à sa richesse. Les similitudes entre les langues nous aident à mieux comprendre certains mots en turc. Nous ne doutons pas que nous comprenons mieux notre propre langue maternelle grâce à l’interaction des langues françaises et turques. 

En tant que jeunes qui aiment lire et produire de la littérature, il y a une vérité à laquelle nous sommes confrontés : être francophone fournit l’avantage de mieux comprendre le monde. Selon nous, devenir sage dépend de trois points pivots : percevoir, traiter et produire. Voici à quoi le français sert : devenir plus intéractif. Comme nous l’avions indiqué : “Une langue équivaut à un homme ; deux langues à deux hommes.”

Beren Koro
Plus de publications

Beren Koro est élève au Lycée Notre Dame de Sion et a contribué exceptionnellement à notre dossier sur la présence française à Istanbul.

Yusuf Efe Yaşar
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Yusuf Efe Yaşar est élève au Lycée Notre Dame de Sion et a contribué exceptionnellement à notre dossier sur la présence française à Istanbul.

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