NDLR : Article d'archive remis en ligne (cf. Crescendo no.7, Mai 2022 "La France à Istanbul, une présence durable")

Le terme que nous définissons comme art contemporain s’entend comme l’art qui existe de nos jours, et ce depuis la fin des années 1960. Il se caractérise par la l’expression des situations dans lesquelles nous vivons aujourd’hui, la plupart du temps de manière abstraite. Pour cette raison, il est devenu un sujet de nombreux débats. L’art contemporain n’est pas la chose la plus facile à comprendre et nous le savons tous. Dans une même œuvre, il peut y avoir une différence entre le message que l’artiste veut nous donner et ce que nous comprenons. Mais attention, l’art contemporain ne doit pas non plus être confondu avec l’art moderne. Car l’art moderne a duré des années 1870 au milieu des années 1950, et est défini par certains mouvements qui le composent, comme le surréalisme, le post impressionnisme etc. L’art contemporain, en revanche, n’est pas défini par un certain nombre de mouvements spécifiques, ce qui le rend différent par rapport aux autres périodes artistiques. Alors que l’art était pratiqué selon des techniques anciennes dans les périodes précédentes, telles que la peinture, la sculpture, l’architecture, etc., dans l’art contemporain, à côté de cela, de nouvelles pratiques et tendances telles que l’art vidéo, le photoréalisme ou le street art ont émergé et permis de produire de nouvelles œuvres extraordinaires.

Maintenant que nous en savons un peu plus sur l’art contemporain, nous pouvons passer à notre sujet principal : l’art en Turquie, plus précisément les relations entre la Turquie et la France dans le domaine de l’art de nos jours. Les relations artistiques entre ces pays ont une longue histoire qui remonte à la période Ottomane. Dans les dernières périodes de l’Empire Ottoman, alors que le monde occidental se développait sur le plan artistique et culturel, l’Empire Ottoman était laissé à part des mouvements occidentaux. Afin de surmonter cette situation, l’Empire Ottoman a envoyé des ambassadeurs dans les capitales des États européens. La capitale culturelle de l’époque étant Paris, les développements étaient principalement basés en France et influencés par sa culture. Bien que cette influence ne soit désormais plus aussi importante qu’avant, on peut la voir partout, de la littérature au cinéma en passant par l’architecture. Avant de parler spécifiquement des branches de l’art, je veux préciser que beaucoup des échanges artistiques entre la France et la Turquie sont réalisés par des institutions culturelles représentatives de ces deux pays. A l’origine de celles-ci se trouve l’Institut Français, qui a été créé pour diffuser la culture française, tandis que les lycées français renforcent cette relation en accueillant des expositions et des spectacles.
Je voudrais parler en particulier dans cette présentation du cinéma , un art pour lequel j’ai beaucoup d’affection. Avec les débuts de “La Nouvelle Vague” dans le cinéma français des années 1960, et l’émergence de réalisateurs comme Jean Luc-godard, François Truffaut, Agnès Varda et Jacques Demy, des films révolutionnaires, plus à gauche, réalistes et critiques contre les idéologies du monde occidental de cette époque ont été tournés. Ce mouvement aura un impact important sur le cinéma mondial et le cinéma turc s’en inspirera bien sûr. Nous voyons le meilleur de cet effet dans le maître réalisateur Yılmaz Güney. Il a tourné des films pendant 20 ans, au cours de sa courte vie de 47 ans, et nous pouvons voir les influences du cinéma français dans ses films de différentes manières. Tout comme les réalisateurs ci-dessus, il a fait des films critiquant l’État. Pour avoir fait de la propagande, il a été arrêté et plus tard, il s’est enfui en France, où son film La Route, qu’il tourne en 1981, a remporté la Palme d’or au Festival de Cannes. Ömer Kavur et Tunç Başaran peuvent être cités parmi les autres réalisateurs représentatifs de l’époque. Mais ces noms et ces films n’ont jamais été aussi grand public que leurs équivalents en France. Oui, ils sont tous des œuvres d’art, mais ils n’ont pas atteint le grand public. Aujourd’hui, si le cinéma français est encore mondialement connu pour son côté artistique et provocateur, la situation du cinéma turc n’a pas beaucoup changé. Parmi les réalisateurs qui ont fait du cinéma un art, la personne la plus intéressante que nous ayons entendue et vue s’exprimer par ses films récemment est Nuri Bilge Ceylan. Il a été nominé à plusieurs reprises pour la Palme d’Or au Festival de Cannes et l’a remporté avec son dernier film, Winter Sleep, en 2014. Il a également été membre du jury à Cannes en 2009. Bien sûr, il n’est pas le seul dans son genre en Turquie ; il y a beaucoup de réalisateurs talentueux en Turquie qui ne demandent qu’à être découverts.

Maintenant, bien sûr, le cinéma n’est pas la seule branche de l’art. La peinture et les arts plastiques sont au moins aussi importants et peut-être plus intéressants. Ici, je veux parler d’un livre que je viens de découvrir. Son nom est “Istanbul-Montparnasse : Les Peintres Turcs de l’École de Paris”. Il raconte les expériences de 11 peintres, comme Abidin Dino, Hakkı Anlı et Nejad Devrim, entre 1945-1965, en les associant à leurs œuvres. L’auteure, Clotilde Scordia, développe sa présentation avec curiosité et amour pour les artistes turcs, à commencer par Nejad Devrim, et pour Istanbul. Son objectif est de faire émerger ces noms oubliés en France et de renforcer le lien artistique entre ces deux pays. À propos du livre, elle a déclaré : “J’espère que ce livre rappelle aux deux côtés les relations fortes et profondément enracinées entre la Turquie et la France depuis François 1er. L’art a un pouvoir universel qui transcende les frontières, la politique, la religion et les langues, et cela devrait rester ainsi”.
Eren Süer
Eren Süer est élève au Lycée Sainte Pulchérie et a contribué exceptionnellement à notre dossier sur la présence française à Istanbul.