Quand il s’agit de faire souffrir des femmes, l’imagination est débordante. De nombreuses pratiques furent utilisées pour torturer les sorcières lors des procès. Tout cela dans le but d’avouer une fausse vérité.

Les différentes façons de torturer la sorcière
Ainsi, l’accusée était mise nue, dans le but de chercher une marque du diable sur son corps. Une tâche de naissance, une brûlure, un grain de beauté, tout pouvait être la preuve d’un pacte avec le Malin. On enfonçait des aiguilles dans certaines parties du corps. Si la sorcière ne réagissait pas à un endroit, cela était la preuve de son pacte (Or nous savons aujourd’hui que tout le monde a un point insensible sur le corps).
Ou encore la sorcière se faisait battre, et était soumise à de nombreux instruments de torture, comme le supplice de l’estrapade. Cela consistait à attacher les bras de la victime dans le dos et à la lâcher dans le vide sans qu’elle touche le sol, provoquant une intense douleur et une dislocation des bras.
A ne pas oublier aussi la technique de la noyade. L’on jetait la victime l’eau : si elle flotte, c’est une sorcière et on la condamne ! Si elle se noie, elle est innocente mais elle est morte !
La sorcière était enfermée, isolée. Chaque jour était une série de questions insensés, une torture psychologique.
Les grands exemples
Qui n’a jamais entendu parler des sorcières de Salem ? C’est dans le Massachusetts, de 1692 à 1693 que se sont déroulés des centaines de procès de sorcières. Il faut avoir le contexte : des petits villages coloniaux en Amérique du nord, loin de l’Angleterre. Les liens avec la société européenne sont difficiles à entretenir et les colonies sont entourées d’amérindiens, avec de la nourriture et des maladies inconnues. Les villages sont dans un isolement total. De plus, les colonies sont majoritairement des puritains : une branche de la chrétienté très fermé d’esprit. C’est dans ce contexte de peur et d’incertitude que les populations eurent le besoin d’avoir un bouc émissaire : la voilà la sorcière.

N’oublions pas la fameuse Jeanne d’Arc. Et oui : Jeanne fut brulé vive pour sorcellerie en 1431. La jeune femme légendaire avait affirmé au Roi Charles VI à l’époque qu’elle chasserait les anglais de France. C’était une jeune fille d’à peine 18 ans, prophétesse selon les dires et envoyée de Dieu. Toutefois, malgré de nombreuses victoires sur le champ de bataille, elle n’y parvint pas. Elle fut capturée par le roi d’Angleterre qui la condamna pour sorcellerie. Mais cette condamnation avait avant tout pour but d’humilier l’ancien roi. Le procès de Jeanne d’Arc est l’un des plus connus et emblématique de la chasse aux sorcières.

Anna Göldi est la toute dernière sorcière à avoir été condamnée en Suisse, et l’une des dernières en Europe. Anna est une servante venant d’une famille pauvre. Elle travaille dans la maison du docteur Johann Jacob Tschudi, ou elle s’occupe de ces cinq filles. Le maitre de maison s’enticha de la jeune femme et, très probablement, la viola. Anna porta alors plainte contre l’homme. Or cela ne servit à rien. Au contraire, on l’accusa d’avoir ensorcelé l’une des filles, qui était à ce moment atteinte d’une mystérieuse maladie. En effet, elle serait atteinte de convulsions et de fièvre et cracherait même des aiguilles. Anna fut arrêtée pour sorcellerie et soumise à la torture en 1782. La même année, en prison, elle donna naissance à un bébé (probablement du docteur Tschudi) qui mourut peu de temps après. On l’accusa cette fois d’avoir tué son enfant. Elle fut finalement décapitée. C’est seulement en 2008, soit 226 ans plus tard que l’on déclara qu’elle était innocente. Toutes ces accusations était au final, un moyen d’éviter le scandale qu’aurait causé la relation entre Anna et Johann Jacob Tschudi. Aujourd’hui, un musée, le musée Mollis, fut créer en sa mémoire.

Et encore aujourd’hui…
La chasse aux sorcières n’est maintenant plus d’actualité en Europe. Les croyances de l’époque semblent aujourd’hui presque ridicules. Mais, malheureusement, la chasse à la sorcière existe encore dans certains recoins du monde. C’est une chasse plus discrète, dont le monde n’entend pas parler.
Ainsi, en Afrique Subsaharienne sévit encore ce mal, plus précisément : en Afrique du Sud, au Cameroun, en République démocratique du Congo, En Gambie, au Ghana, au Kenya, au Sierra Leone et en Zambie.
En Inde, souvent, une femme qui refuse des avances sexuelles est accusée de sorcellerie. Il existe aussi des chasses en Papouasie Nouvelle Guinée et au Népal. De plus, en Arabie Saoudite, la sorcellerie est punie par la peine de mort.
Sorcière, toujours
Certes, la chasse aux sorcières n’a plus l’ampleur d’autrefois. Mais elle est toujours là, c’est une réalité. Au final, chaque femme à en elle les traumatismes d’une chasse ancienne, mais aussi d’une nouvelle. Aujourd’hui, ce sont les hommes chassant les femmes ne leur convenant pas, ce sont des inégalités et des sociétés patriarcales obligeant la femme à se cacher. Nous sommes tous victimes de la chasse, sous différentes formes.
Il ne faut pas oublier ces femmes subissant chaque jour une torture injuste. Elles existent et souffrent en silence. La grande chasse n’est pas encore terminée.

De nos jours, toutes ces croyances semblent appartenir à des contes et des légendes. Mais il fut un temps, où tout cela était bien réel, ou des peuples entiers y croyaient fermement. Ou des hommes assoiffés de sang et de haine furent responsables d’un véritable massacre. Il fut un temps, où des milliers d’innocentes furent assassinées par la faute de ces simples croyances. Aujourd’hui encore, des femmes meurent, victime d’une chasse qui ne se termine jamais. Alors, il est important de nous souvenir de ce morceau de l’histoire. Important, oui, d’honorer la mémoire de ces victimes, longtemps oubliées.
Mise en page de Zeynep Yalamanoglu
Pour aller plus loin :
- Carte et liste des victimes de la chasse : Liste de victimes de chasses aux sorcières
- Podcast : La chasse aux sorcières : un crime contre l’humanité ? Avec Catherine Clément
- Livre : Les sorcières, de Céline du Chéné, 2019.
- Livre : Sorcière : la puissance invaincue des femmes, de Mona Chollet, 2019.
